Chapitre 20

 

Caverne des basilics, Las Quijadas, Argentine, dixième jour

 

Prix : deux œufs de basilic, valant treize points chacun

 

Les craquements des écailles sur un grand corps flexible et les sifflements provoqués par une langue fourchue résonnaient à travers le labyrinthe des cavernes.

L’épée dans le dos, Kaderin se mit à courir, aidée par sa vision de nyctalope. Elle avait exploré le moindre centimètre carré de cette véritable ruche de pierre creusée dans le roc dès l’Antiquité, sans pour autant réussir à localiser exactement les trois monstres qu’elle entendait parfois s’étirer. Ni leurs œufs. Ni une autre issue.

Chaque tunnel se terminait par une salle haute de plafond, abritant un nid de basilic – un dragon géant aux crocs dégoulinants aussi gros que les avant-bras d’une Valkyrie, et à la queue meurtrière gonflée de muscles.

Elle avait fouillé les nids à la recherche des œufs, sans succès. Il existait dans la montagne, de l’autre côté du ravin, un second réseau de cavernes, indépendant de celui-ci. Sans doute les prix y étaient-ils cachés, car Kaderin n’avait trouvé de ce côté-ci que les restes parcheminés des jeunes filles sacrifiée aux monstres et ceux, plus récents, d’archéologues nés sous une mauvaise étoile.

Le nom même de la région, Las Quijadas, ou « les maxillaires », était significatif. La plupart des gens pensaient qu’il s’agissait d’une référence aux bandits ; d’autrefois, qui semaient la terreur dans les vallées alentour et mangeaient jusqu’aux mâchoires des vaches, ou encore aux nombreux fossiles de dinosaures découverts dans la contrée.

Ils se trompaient. Simplement, les basilics tuaient les victimes offertes en sacrifice en leur arrachant les mâchoires du crâne.

Les archéologues qui organisaient des fouilles dans la région ne se rendaient pas compte que les dinosaures n’étaient pas tous réduits à l’état de fossiles. Les chercheurs exploraient les cavernes, de plus en plus profondément, jusqu’au moment où une de leurs équipes disparaissait, dévorée, et où le gouvernement la déclarait perdue corps et biens dans une crue subite…

Finis, les bruissements d’écailles. Silence. Les oreilles de Kaderin s’agitèrent. Quelqu’un courait. Un pas rapide mais lourd. Bowen. Forcément.

Elle savait depuis le début qu’ils en arriveraient à s’affronter, et elle se doutait que les œufs risquaient d’attirer le lycanthrope, vu leur valeur, mais elle voulait les points, elle aussi. Et puis, il y avait deux œufs. Seulement, pour ajouter à l’intérêt de la chose, Cindey n’allait pas tarder à arriver non plus. Juste avant de se mettre en route, Kaderin l’avait vue louer une Jeep à San Luis, la ville voisine.

Le tunnel tout entier trembla soudain. Un basilic furieux, prêt à massacrer ce qu’il trouverait sur son chemin, manifestait sa colère en battant de son énorme queue massive la paroi du passage. Chaque coup déclenchait une averse de pierres que l’intruse devait contourner, esquiver ou franchir d’un bond en pataugeant dans les ossements.

Si redoutables que soient les basilics, ils se déplaçaient lentement dans leur repaire. Kaderin se savait capable d’en tuer un, voire deux à la fois, mais elle n’avait aucune envie d’en arriver là, car elle avait un faible pour les monstres.

D’autant qu’elle en était un, puisque les créatures Intérieures du Mythos se servaient d’elle pour menacer leurs petits, à l’heure du dîner : « Mange tes larves, ou Kaderin la Sans-Cœur va venir te couper la tête cette nuit. »

Demi-tour, direction la sortie. Elle longea en courant des parois couvertes de peintures rupestres jusqu’à la jonction des trois tunnels, au début du labyrinthe. Un peu plus loin, le soleil brillait, accueillant, illuminant des dessins d’un autre genre. Au moment où on l’enfermait dans les cavernes, chaque victime sacrificielle se voyait remettre un roseau plein de peinture. Elle posait la main sur la roche puis appliquait la couleur tout autour afin d’y laisser son empreinte, seul monument auquel elle aurait jamais droit. Il y en avait des milliers…

Bowen était là.

L’heure de l’affrontement avait sonné.

Le temps ralentit. Le garou avait déjà éliminé la moitié des concurrents, y compris les plus forts, à l’exception de Lucindeya, Kaderin et Sébastian. Une omission à laquelle il comptait visiblement remédier, au moins en partie.

Ses yeux brillaient dans le noir, comme ceux de Kaderin, qu’il fixait, menaçant. La blessure zigzagante qui le défigurait ne faisait pas mine de guérir. L’épuisement semblait peser sur ses épaules. La malédiction de la sorcière… C’était donc vrai.

Kaderin se tourna brusquement vers le passage de droite – la seule issue.

Lorsque Bowen se mit à courir, elle devina aussitôt ce qu’il mijotait : l’emprisonner, elle aussi. Elle enfonça le bout de ses bottes dans le gravier avant de foncer avec détermination.

Mais malgré sa rapidité, et en dépit de la malédiction dont Bowen était affligé, celui-ci arriva dehors bon premier. De retour au soleil, il leva les yeux, il n’aurait pas le temps de faire tomber les rochers non, elle sortirait trop vite…

Un rictus cruel aux lèvres, il fouilla dans la poche de son jean. La peur envahit Kaderin, quand la rivière de diamants apparut. Elle n’avait pas pris la peine de s’entraîner contre ce genre de choses.

Le bijou étincelait au soleil du désert, jetant des éclats de lumière aigus, bleus et blancs. Une lumière fascinante, éternelle… Je n’ai pas réussi à lui dissimuler ma faiblesse, il la connaît.

Bowen lança le collier dans le tunnel. Le toucher… Le regard de Kaderin se riva sur le bijou dès son envol, puis le suivit jusqu’à son atterrissage dans les cailloux, tout près d’elle. Elle se figea, pétrifiée, avant de tomber à genoux comme pour prier les diamants envoûtants. Pas question d’abandonner dans la poussière quelque chose d’aussi beau. Non. Elle ramassa le joyau à deux mains en passant amoureusement les pouces sur les pierres précieuses.

Dehors, Bowen s’activait, elle l’entendait. Il jurait en gaélique, ses griffes dérapaient sur les rochers qu’il cherchait à déloger, mais elle ne pouvait détourner le regard du collier.

Pas avant qu’une série de chocs assourdissants ne plonge la caverne dans l’obscurité et que les scintillements ne disparaissent.

 

Ce matin-là, en quittant Kaderin paisiblement ; endormie, Sébastian avait regagné Londres, pris une douche et bu du sang.

Il s’habillait quand la pensée lui vint que, depuis une semaine, il n’avait fait aucun progrès avec elle. Il fallait absolument qu’il retourne au manoir de la Colline noire, ne fût-ce que pour exploiter une ressource dont il avait bien besoin : après tout, son frère avait épousé une Valkyrie. Une parente de Kaderin. Une mine d’informations. Après s’être forcé à se nourrir, il glissa jusqu’au bureau du manoir, où il trouva Nikolaï en train de parcourir des papiers. Malgré sa nature réservée, le maître des lieux ne chercha pas à dissimuler le plaisir que lui procurait cette visite.

— Assieds-toi, je t’en prie, proposa-t-il en se levant avec empressement.

Sébastian prit place dans le fauteuil qu’on lui désignait, mais les muscles de ses épaules se nouaient du seul fait qu’il se trouvait au manoir.

— Il paraît que tu t’es inscrit à la Quête, reprit son aîné en se rasseyant. Tu es le tout premier vampire à concourir. Ça nous a étonnés.

L’arrivant haussa les épaules.

— Myst regarde tous les jours les résultats sur internet, poursuivit son frère. Une de ses semblables participe aussi. C’est ta fiancée ?

— Oui, admit Sébastian. Kaderin.

— D’après Myst, elle est… Ah, comment Myst a-t-elle dit ça ? D’une beauté presque monstrueuse.

Et c’est une sacrée guerrière. Ce fut d’un ton plein d’espoir que Nikolaï ajouta :

— Tu l’aimes ?

— Non, mais je sais qu’elle est mienne. Et que je suis censé la protéger.

— C’est largement suffisant. Le reste viendra avec le temps. On se demandait aussi pourquoi tu avais décidé d’être le champion de Riora.

Sébastian haussa de nouveau les épaules.

— Je n’ai pas d’allié, et la déesse exigeait que je représente un camp quelconque. C’était un pari.

— Tu aurais pu penser aux Abstinents ou au roi Kristoff.

Les traits de Sébastian se crispèrent. Le roi Kristoff. Jamais il n’avait compris comment son frère avait pu périr des mains des Russes puis, sur le même champ de bataille gorgé de sang, jurer allégeance à Kristoff, un Russe, vampire ou non.

— C’était juste une remarque, ajouta Nikolaï. Nos rangs te restent ouverts. Chaque fois que je tue un vampire aux yeux rouges, je suis heureux de les avoir rejoints.

— Tu en as déjà rencontré ?

— Je leur ai fait la guerre. Nous gagnons en force.

Il joignit le bout des doigts.

— J’ai toujours admiré ton intelligence, tu le sais. Tes conseils seraient les bienvenus. Après la Quête évidemment.

Les rêves de Kaderin incitaient Sébastian à combattre la Horde, certes, mais il avait la ferme intention d’éloigner d’une manière ou d’une autre sa fiancée de la mort et des conflits perpétuels. Elle avait vécu dix siècles d’horreur ; il était hors de question ; que les dix suivants y ressemblent.

— Ne compte pas sur moi, répondit-il.

Son frère hocha la tête, mais le sujet était loin d’être clos.

— Dis-moi, en ce qui concerne la compétition et le prix à remporter, tu as pensé à t’en servir pour sauver notre famille ? s’enquit Nikolaï.

La réponse était oui, évidemment. Malgré les siècles écoulés, Sébastian se sentait toujours aussi coupable. Lorsque l’heure était venue de protéger les siens, il avait échoué – à cinq reprises.

— Je ne crois pas que ça marchera, avoua-t-il. Mais si jamais il se trompait, s’il était possible de modifier le passé…

Il n’aurait pas dû se faire de reproches – ce n’était pas logique, pas raisonnable –, mais il ne pouvait s’en empêcher. Conrad non plus… avant de perdre l’esprit, en tout cas.

Sébastian appartenait à une culture dont l’aristocratie était éduquée pour révérer l’armée et se battre. Malheureusement, le destin lui avait envoyé un ennemi invisible, déterminé à éliminer sa famille.

L’adversaire contre lequel la lutte et plus encore la victoire étaient impossibles. Il n’avait pu que regarder impuissant, mourir ceux qu’il aimait. Lui le grand frère préféré de ses quatre sœurs, presque d’âge à être leur père, plus paternel que leur géniteur commun, trop occupé par ailleurs. Chaque fois qu’elles avaient un problème, c’était Sébastian qu’elles venaient trouver. Il avait retiré bien des échardes de leurs doigts et séché bien des larmes sur leurs joues, mais il leur avait aussi servi de professeur de sciences et d’astronomie.

Quand elles étaient tombées malades, elles avaient compris qu’elles allaient peut-être mourir, malgré leur jeunesse. Alors, elles en avaient appelé à lui, persuadées qu’il saurait arranger les choses.

Son impuissance les avait stupéfiées. Elles avaient presque eu l’impression qu’il refusait de les aider.

— On ne saurait retourner dans le passé pour changer l’avenir, ajouta-t-il distraitement. Ça reviendrait à créer le chaos.

Une part de lui voulait pourtant y croire, même si la raison réduisait cet espoir en charpie, même si la déesse n’avait aucune preuve qu’il soit possible de voyager dans le temps. Mais s’il cédait à cette part d’irrationnel, s’il rêvait de ramener ses sœurs et que ses espoirs s’effondraient, il doutait d’être capable de supporter pareil chagrin une seconde fois. À ce jour, il ne supportait toujours pas de se rappeler les circonstances dans lesquelles elles étaient mortes. Leurs yeux désespérés, leurs faibles cris de terreur quand ils s’étaient effondrés, Conrad et lui.

Cette nuit-là, ils avaient tous deux décidé de mourir avec leur famille. Leur pays ravagé par la peste et la famine était en ruine, leur défaite totale. Ils s’étaient battus, ils avaient fait de leur mieux, la mort aurait dû leur être accordée.

Quant à leurs sœurs, aussi blondes, aussi délicates que les quatre frères étaient bruns et forts, elles auraient préféré succomber à la faim plutôt que de goûter le sang. Elles n’auraient même pas pu imaginer une chose pareille.

— Pourquoi as-tu essayé de transformer les filles ? demanda Sébastian.

Nulle colère ne perçait dans sa voix, mais maintenant qu’il était calme, rationnel, il voulait des explications. Pour la toute première fois, il voulait comprendre.

— Je ne pouvais pas faire autrement.

Nikolaï avait détourné les yeux, mais son frère remarqua qu’ils avaient viré au noir.

— Je ne supportais pas qu’elles s’éteignent si jeunes.

— Elles seraient restées figées dans une enfance perpétuelle, sans jamais revoir le soleil.

Cette fois, son hôte regarda Sébastian en face.

— Rien ne prouve qu’elles ne seraient pas devenues adultes, exactement comme les immortels de naissance. C’était une possibilité.

— Et notre père ?

À l’époque, leur père attendait patiemment de rejoindre sa femme, morte en couches onze ans plus tôt.

— Je n’ai jamais eu tes nobles principes, répondit Nikolaï d’un ton las. Je révère la vie, et ils auraient vécu. En ce qui me concerne, le reste a peu d’importance. Mais je vois que les siècles écoulés ne nous ont pas mis d’accord sur le sujet…

Sébastian se leva, prêt à partir.

— Non, en effet.

Son frère l’imita.

— Pense à ce que je t’ai dit au sujet de l’ordre.

Sans doute valait-il mieux que les choses soient claires dès maintenant.

— Je ne peux pas me joindre à vous.

Sébastian haussa les épaules, nonchalant.

— Parce que, en fait, je ne me suis pas vraiment abstenu. J’ai bu le sang à même la chair.

La Valkyrie Sans Coeur
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